La cité de la peur [Jour - 1] (terminé)

Elle prit une grande inspiration, savourant l'air extérieur, moins surchargé en odeur de sang et de poudre que celui du Musée... Néanmoins ils étaient encore moins en sécurité ici qu'à l'intérieur, les morts étaient partout, et les sons de la fusillade dans le hall les avait attirés. Elle perdit rapidement le compte des silhouettes qui convergeaient vers leur position. S'ils se mettaient en mouvement maintenant ils pourraient peut-être leur échapper sans avoir à tirer un seul coup de feu... Mais un rugissement de moteur interrompit le cours de ses pensées, attirant son regard vers l'angle d'une rue proche.

Un véhicule de police surgit de cette dernière après un crissement déchirant de pneus, louvoyant à toute vitesse entre les véhicules arrêtés, percutant les morts sur son chemin. Les corps se disloquaient dès qu'ils rencontraient l'avant du véhicule lancé à pleine vitesse. Ce dernier se dirigeait vers eux.

A mesure qu'ils s'approchait l'incrédulité la saisit : Comment le conducteur pouvait-il savoir où il allait avec tout le sang qui maculait son pare-brise ? Elle put à peine distinguer deux silhouettes au travers de ce dernier alors qu'il effectuait un virage particulièrement dangereux à une dizaine de mètres de l'entrée du Musée, ce dernier mis d'ailleurs fin à la course folle du véhicule, qui vint percuter de plein fouet le fourgon des forces d'Auto-défense qui n'avait pas bougé depuis la nuit. Le vacarme de métal froissé et de verre brisé qui en résulta détourna subitement l'attention de toutes les entités présentes, qui se mirent en tête de rejoindre la carcasse du véhicule.

Le moteur de la voiture fumait abondamment, et ne risquait pas de redémarrer un jour. Ses occupants étaient perdus. Déjà les premiers morts avaient atteint l'engin, et quelques coups de feu épars les accueillirent, les occupants semblaient décidés à défendre chèrement leur vie, aussi vain que cela puisse paraître.

Elle fut tentée de les aider, peut-être avaient-ils encore une chance... Mais son instinct de survie lui cria de profiter de cette diversion pour quitter les lieux, ce qu'elle commença à faire, tournant le dos à la carcasse. Les détonations avaient cessé de retentir.

"Partons..."

Les rues étaient tombées sous le règne de la mort ; partout où Hidasaku regardait, il ne voyait que des cadavres déambulant sans but, tous sauvagement mutilés. Il en surprit même un qui n’avait pas de jambes qui se contentaient de ramper avec hargne vers la voiture qui venait de s’encastrer dans leur fourgon, laissant une longue tracée de sang derrière lui, voir quelquefois, un ou deux organes. Enfin, ce n’était qu’un exemple macabre parmi les dizaines, voir les centaines de ces monstres qui erraient dans la rue… Il ne fallait pas trainer.

La première étape voulait de quitter la ville pour rejoindre la campagne, et ainsi, se rapprocher de la base militaire. Dans ses souvenirs, il fallait aller à l’est, c’est ce qu’il fit alors, profitant que les morts environnants soient trop occupés à essayer de rejoindre les occupants du véhicule accidenté.

Il marchait avec précaution, faisant attention de ne surtout pas se faire remarquer. Ce n’était pas la chose la plus difficile à faire ; dans les alentours retentissaient les hurlements de certains survivants, des cris de désespoir, des appels à l’aide… Lui et Itamune ne pouvaient rien faire, de toute façon, du moins, il s’en convainquit. Ils seraient plus utiles s’ils arrivaient vivants à la base militaire, là, il pourrait s’allier aux autres forces armées, former des escouades et aider la population. Oui, avec l’équipement approprié, les véhicules d’assauts et le soutient aérien, tout ça serait possible. Hidasaku n’avait plus aucun doute, c’était bien la meilleure solution, ainsi, il ignora les cris, qui peu à peu, se perdaient en un dernier écho, traversant quelques ruelles pour se transformer en des chuchotements étranglés.

Une explosion. Un coup de feu ? C’était puissant, et pas si lointain. Il arrêta sa marche une seconde pour observer les alentours. Il cherchait la provenance de ce tir, mais la seule chose qu’il découvrit avec horreur, ce fut la douzaine de morts qui se déplaçaient lentement. Ils sortaient d’une ruelle à quelques mètres d’eux, coupant leur route, ils avaient l’air décidé de s’occuper d’Hidasaku et Itamune.

Ils ne pouvaient pas se permettre d’utiliser des balles, et de faire du bruit. Alors, Hidasaku pointa la maison sur sa gauche.

‘’Passons par-là, on retombera de l’autre côté, normalement.’’

‘’Passons par-là, on retombera de l’autre côté, normalement.’’

En effet, passer de front sans attirer l'attention était impossible. Suivant l'indication d'Hidasaku elle tourna le regard vers la gauche, apercevant le mur d'enceinte qui entourait une grande maison. Cette dernière devait appartenir à une famille riche, elle doutait que cet argent leur ai sauvé la vie.

Un portail permettait d'entrer dans la propriété. Ce dernier, laissé entrouvert, ne fut pas un obstacle, elle le franchit sans le toucher, craignant qu'il ne grince en cas de mouvement. Elle s'avança sur la petite allée de gravier qui faisait la jonction entre le portail et la porte d'entrée, quant à elle grande ouverte. Elle fit quelque pas dans la demeure silencieuse, son arme pointée devant elle. Tout était en désordre, il y avait des objets renversés par terre, des morceaux de verre, même des traces de sang qui maculaient certains murs, ou assombrissaient la moquette. L'endroit semblait totalement vide.

Elle traversa la couloir d'entrée puis le séjour à pas rapide, peu désireuse de découvrir ce qui était arrivé aux anciens occupants de la maison, ou bien ce qu'ils étaient devenus. Une grande baie vitrée, dont la moitié des vitres étaient éparpillées en petits éclats sur le sol, les séparait du jardin. Ils la franchirent avec prudence, avant de traverser la pelouse sur-entretenue qui devait, il y a peu encore, faire la fierté du propriétaire de la maison.

Finalement elle put atteindre le mur qui séparait ce jardin ce qui semblait être une petite ruelle paisible. Elle se hissa à la force des bras, pour jeter un coup d’œil par dessus ce dernier. Constatant que la voie était libre. Elle fit signe à Hidasaku de la suivre, avant de jucher au sommet du mur, puis se laisser glisser de l'autre côté. Le tout en faisant le moins de bruit possible.

Une fois les morts contournés, le chemin était à peu de chose près sûr, du moins, les monstres étaient trop occupés avec les autres survivants qui avaient l’imprudence de faire du bruit. C’était une chance pour Itamune et Hidasaku. Par exemple, en passant devant le supermarché du quartier, ils remarquèrent un groupe entier de créatures en train de s’affairer autour d’un petit amoncèlement de cadavres… Pourquoi les corps étaient regroupés ainsi ? Ce n’était juste pas normal, qui aurait pris le temps de mettre les corps dans une position pareille ? Enfin, Hidasaku n’y pensa rapidement plus, il dû se reconcentrer sur le trajet, mieux valait ne pas tomber nez à nez avec les morts, ou pire, se perdre.

Il faisait grand jour, le soleil tapait fort. Il avait chaud sous son uniforme doublé du gilet pare-balles réglementaire, il aurait voulu enlever ce dernier, mais il préférait le garder, au cas où une de ces créatures lui tomberait dessus au croisement d’une ruelle. D’ailleurs, c’est ce gilet qui sauva certainement la vie d’Itamune, oui, c’était une bonne idée de le garder, pour l’instant.

Il fit signe à sa compagne de ne plus bouger, sortant la carte de la ville, vérifiant qu’ils se dirigeaient toujours dans la bonne direction, c’était le cas. Il estimait encore à peu près deux heures de marche à cette allure, si tenté qu’ils ne rencontrent aucun problème majeur sur la route.

‘’Toujours tout droit, à partir de maintenant.'’

Bien. Tout droit. Rien de compliqué à redouter, rien d’insurmontable en vu, un grand soleil pour les éclairer, c’était quand même bien mieux qu’à l’intérieur du musée, même si là, dans les rues, les morts étaient légion…

‘’Toujours tout droit, à partir de maintenant.'’

Et ils marchèrent tout droit. Traversant les rues tantôt désertes, tantôt peuplées de hordes errantes et stupides, tantôt jonchée de véhicules à l'arrêt, comme si leurs occupants les avaient abandonnés alors que c'était l'heure de pointe... D'ailleurs, prendre un véhicule pour se déplacer en ville était une folie, trop d'obstacles en tout genre barraient la route, rendant toute tentative de conduite extrêmement périlleuse et vouée à un échec brutal.

Le soleil poursuivait sa lente ascension dans le ciel bleu azur, dont la limpidité contrastait avec l'horreur et la crasse qui s’emparaient peu à peu de la ville, comme un gangrène urbaine dont les morts étaient les porteurs. Malheureusement ils n'avaient guère le temps de appesantir sur la contemplation du ciel car la progression dans la ville nécessitait une attention de tout les instants. Il était en effet assez aisé, la plupart du temps, d'éviter les morts par d'habiles détours et autres manœuvres du même acabit, mais pour cela il fallait faire preuve d'anticipation.

Finalement les immeubles se firent plus bas, et moins beaux, il franchissaient les quartiers extérieurs de la ville, les banlieues. Les morts étaient loin d'y être moins présent cela dit, ils n'étaient pas encore tirés d'affaire, mais c'était comme une lueur d'espoir dans un océan d'obscurité et cela suffit à leur redonner du courage pour continuer à avancer, sans s'arrêter. Ce dépit du poids du leur matériel qui se faisait plus lourd à chaque pas, et de l'ambiance plus que morbide de leurs environs immédiats.

Enfin il franchirent les derniers bâtiments, la route qu'ils empruntaient se perdant maintenant dans une vaste campagne qui s'étendait à perte de vue. Ils avaient quitté la ville.

» 1. Acceuil sanglant ( Partie 2 ) [ terminé ]
» You can play with Death [ terminé ]
» 2. Prépare toi à survivre ! ( Partie 1 ) [ Terminé ]
» Je suis ici contraint et forcé ! [Terminé]
» 1. Accueil sanglant ( Partie 1) [ terminé ]