Après la pluie... La tempête.

Comme il s'y attendait, la jeune fille à qui il venait d'offrir une arme de poing pour se défendre précisa qu'elle ne savait pas vraiment comment on s'en servait, à ces mots il eut un léger sourire et répondit

_ Je savais que tu dirais ça, la réplique culte qu'on entend dans tous les mauvais films ! Mais bon c'est pas bien compliqué p'tiote, tu vises et tu tires ! Y'a pas d'feintes ou de techniques spéciales comme ces cruches à la télévision ont l'air de le croire ! Vérifie bien quand même que la sécurité n'est pas mise, là, c'est le petit cran sur le côté. Et voilà ! Tu sais t'en servir, c'était pas compliqué hein ? Ho et n'ai pas peur du recul si t'as besoin de tirer, sur un si petit calibre ton bras reculera à peine...

Après cette brève explication elle lui demanda, un peu gênée, de répeter son nom. En retirant sa veste et en s'étirant longuement les bras, il lui répondit ;

_ Hmm... Moi c'est Nathanael, Nathanael Mephisto Crow ! Mais c'est un peu long j'avoue... Sinon tu peux m'appeler Saberwolf, c'est mon nom de code et j'trouve ça tellement plus classe ! Et pis ça m'rappelera les bons moments de la caserne, avant que tout le monde se fasse bouffer...

Il la regardait alors qu'elle était en train de farfouiller dans son sac... Elle avait vraiment un look étrange... A des années lumières de l'ordre et des règles strictes de la caserne ! Il s'imaginait la scène si, lorsqu'il s'était engagé, il s'était présenté coiffé et vêtu comme elle... Cela le fit sourire, mais ce rictus resta soudainement figé lorsqu'il entendit du bruit venant de la chambre où était couchée Kaori, un bruit de grattements... Sasha était partie faire le tour de l'appartement pour chercher à manger, il était donc seul. Il se leva et, en faisant le moins de bruit possible, il entra dans la chambre.
Les bruits provenaient du meuble à côté du lit ; il n'avait pas vérifié les meubles, cela lui paraissait impossible qu'un zombie ait pu se planquer dedans ! Mais maintenant qu'il y réfléchissait... Si c'était un petit enfant ? Venu se cacher ici après avoir été mordu ? Son coeur commençait à se serrer de plus en plus, quand il décida de mettre fin à cette tension.
Il ouvrit la porte du placard brutalement et fit un bond en arrière, le fusil en avant, pour le baisser aussitôt, lorsqu'il s'aperçut que ce n'était qu'un jeune petit chien qui avait été enfermé là-dedans. La pauvre bête n'osait pas bouger de là où elle était, mais il était évident qu'elle en mourait d'envie vu la vitesse à laquelle il remuait sa queue. Le militaire posa alors son arme au sol et s'accroupit, en lui faisant signe d'approcher d'une voix douce qui pourrait même inspirer confiance à un animal. Le petit chien, qui ne mesurait pas plus d'une soixantaine de centimètres, s'approcha alors lentement puis, une fois complètement sortit couru vers Nathanael, le renifla, et se mit à lui lécher le visage comme s'il avait été son maître depuis des années.
De retour dans la pièce principale, Saberwolf remarqua que Sasha avait réunit à même le sol toute la nourriture qu'elle avait pu trouver.

_ Regarde qui j'ai trouvé !

Lui lança-t-il alors qu'en même temps, le chien, lui, sautait sur les conserves de nourriture pour chats déjà entamées, et les finie en un temps record.

A sa demande de l’appeler Saberwolf plutôt que pas son nom entier, j’avais manqué me mettre au garde à vous et répondre « oui mon capichef ! »mais n’avais pas osé. Certaines personnes n’appréciaient pas les plaisanteries et je ne le connaissais pas assez pour juger son sens de l’humour. Alors que j’inspectais les boites les unes après les autres pour en faire le l’inventaire et vérifier qu’elles n’étaient pas périmées, notre militaire partis pour une raison qui m’était inconnue revins avec une petite chose entre les bras. Je regardais plus attentivement les deux êtres vivants pour m’apercevoir que la chose qui remuais entre ses bras était un petit chien qui, dès que le militaire l’eu posé, passa devant moi comme si je n’existais pas, me marchant dessus au passage, pour se jeter sur les quelques boites de parée pour chat déjà ouvertes.
Je lançais un regard interrogateur et amusé à l’homme qui l’avait ramené tout en montrant l’animal du doigt.

Il sort d’où celui là ?

Je sentis alors des petites pattes s’appuyer sur mes jambes tandis que la petite bête ayant finit son « repas » m’escaladais pour avant de me lécher le visage. Il n’était pas farouche du tout, comme si il ne savait pas ce qui ce déroulait à l’extérieur. Je l’empêchais de me laver complètement la figure tout en le gardant dans les bras.

On va rester combien de temps ici ?

Comme ça c’était direct. En même temps si l’on restait ici cela nous permettrais de nous reposer peut être un petit peu. Je finis par me lever en posant le chien à terre qui s’occupa alors de nettoyer Crow comme il l’avait fait avec moi. Je passais voir si Kaori allait bien. Elle était toujours dans le même état, les yeux fermés et la respiration relativement lente, on avait l’impression qu’elle dormait. Mais jusqu’à quand ?

Je revins dans la pièce principale avant de m’affaler sur le siège abandonné par son ancien utilisateur. Maintenant que le stress et la peur de mourir étaient un peu passés je commençais à ressentir la douleur qui renaissait doucement au niveau de ma cheville. Je m’assis donc en tailleur pourvoir ce que je pouvais faire pour elle. Je finis par juger que je ne pouvais rien faire avec mes « non-compétences » dans ce domaine.

De mon siège j’observais le jeune chien mordre les mains du militaire. Comme cela il ne semblait pas avoir fait carrière dans les forces armées, comme quoi la vision des gros bourrins sans cœur était révolue. Je remarquais alors que ses mains étaient toutes abimées, elles avaient du souffrir lorsqu’il avait du chercher des choses dans les décombres chaudes du véhicule. Je ne pensais pas vraiment pouvoir faire quelque chose pour elles mais on ne savait jamais.

Vos mains ne vous font pas trop mal ? Si je peux faire quelque choses pour elles…

Alors que le petit chien avait changé de paire de bras, Nathanael répondit à la jeune fille qui se demandait d'où la petite créature sortait ;

_ Aucune idée, je l'ai trouvé coincé dans un placard ! Mais regarde, il porte un collier !

Sur ce collier pendait un petit pendentif en acier, cylindrique, dont le fonctionnement n'était pas inconnu au militaire qui l'ouvrit en deux en le tournant pour en sortir un petit morceau de papier sur lequel il put lire à voix haute, une fois déplié ;

_ "Bonjour ! Je m'appelle Odysseus et si vous lisez ceci, c'est que je me suis certainement perdu ! Vous seriez vraiment gentil de m'aider à rentrer chez moi ! Je vis au..."

Le militaire interrompit sa lecture, ayant eut les informations qu'il cherchait

_ Odysseus hein ? Bah... C'est moche mon pauvre chien ! Aller, on va plutôt t'appeler Ulysse ! T'aime bien Ulysse ?

Le cabot pour seule réponse tourna sur lui même, essayant d'attraper sa queue, puis aboya d'un son assez aigu, trahissant son jeune âge. Sasha demanda alors combien de temps ils allaient rester ici, tout en se relevant et en laissant le chien par terre.

_ Hmmm... Le plus longtemps possible ! On est en sécurité ici, et de toutes façons personnellement, à part la base militaire je vois pas trop où on pourrait aller... M'enfin l'idéal serait que l'on reste au moins jusqu'au réveil de ta copine, ou jusqu'à ce que les zombies nous trouvent...

Sur ce, Sasha s'absenta un bref instant. Pendant ce temps, Saberwolf prit place sur le grand canapé clic-clac au fond du salon, et Ulysse ne tarda pas à le rejoindre, peu avant que la jeune fille ne réapparaisse. Celle-ci s'effondra sur le fauteuil et observait un moment son pied, avant de reporter son attention au militaire et à son chien, qui lui léchait le visage.

_ Arf ! Haha nan mon gros, tu pues la pâté aller dégage ! Tiens bouffe mes doigts si tu veux, toi au moins je sais que tu me transformeras pas en mort-vivant !

Dit-il amusé à son nouveau compagnon, quand la lycéenne lui demanda si il avait besoin d'un peu de soin pour ses mains meurtries. Alors, observant un instant ses paumes, il montra du doigt le pied de sa colocataire et répondit ;

_ C'est gentil d'y penser, mais pense aussi un peu à toi ! Tes pieds sont recouverts de plaies, et t'as une cheville foulée... Bon, viens on va essayer de se retaper une santé tous les deux ! Fouilles dans les poches sur les côtés, il doigt y avoir des compresses et des bandages !

Lui dit il en lui lançant la sacoche de munitions sur le sol, devant elle, avant de se lever et de faire un par un tous les placards de la cuisine. Il fini par trouver ce qu'il cherchait, et c'est avec une bouteille de vodka pure qu'il revint face à la jeune fille

_ Bon t'as trouvé les bandages ! Parfait, alors tiens toi prête, dès que tu m'entendras gémir comme une fille tu les enrouleras autour de mes mains !

Sur ces mots, sans réfléchir plus longtemps pour que son courage ne l'abandonne pas, il versa une généreuse dose d'alcool sur sa main droite et, les dents serrés à s'en déboiter la mâchoire et les yeux plissés aussi fort qu'il le pouvait, il lâcha la bouteille qui par chance ne se cassa pas et attendit que son infirmière de fortune lui fasse le pansement, avant de répeter la même opération sur l'autre main.
Se remettant doucement de la douleur qui finit par s'estomper rapidement, il reprit la bouteille et les compresses, et demanda à Sasha, anxieuse, si elle était prête, avant de s'occuper de soigner ses pieds avec la plus grande délicatesse dont il était capable, puis de lui faire une attelle avec le peu de choses qu'il avait trouvé.

Il accepta mon aide pour ses mains et, tandis que je fouillais dans le sac qu’il m’avais passé à la recherche de compresses et autre matériel utile, il inspectait la cuisine. Il revint avec une bouteille de vodka et me donna les indications.
L’opération ce fit donc le plus rapidement possible, à mesure qu’il se versait l’alcool sur les mains je me préparais et lui enserrais les mains le plus vite et le mieux possible. Lorsque ce fut à mon tour, je ne pus m’empêcher de le regarder alarmée. Si même lui avait fait ce genre de grimaces alors je ne voyais pas comment j’allais ne pas me mettre à crier. Je ne pus m’empêcher cependant de me mordre la main pour ne pas faire de bruit,réflexe certes stupide mais très efficace. Je pus donc me reposer et laisser mes muscles se détendre alors que Saberwolf me faisait une attelle.
C’est le moment que choisis le chiot pour grimper sur son dos et atterrir sur mes jambes avec de grands aboiements. Il s’assit d’ailleurs dessus et semblait regarder l’homme d’un mauvais œil. Je ne pus m’empêcher de rigoler et de le prendre à nouveau dans les bras.

A croire que tu es jaloux hein ? Non mais ça ne se fait pas ! Hey !

Il choisit d’ailleurs ce moment pour bondir et me piquer l’une de mes barrettes en me tirant mes cheveux au passage. Je tentais de l’attraper mais il se déroba facilement et partis en trombe dans l’autre pièce. Je me précipitais à sa poursuite, tombant à moitié sur le militaire aux mains bandées avant de repartir le plus vite possible derrière le petit animal qui avait maintenant disparus de mon champ de vision.

Viens ici sale chien !

Ce chien était surement un animal affectueux et plein de tendresses mais mes barrettes faisaient partie des choses auxquelles il ne fallait pas toucher. Tout en pestant contre cet animal qui me semblait pour le moment la pire créature de l’univers je fouillais dans tous les coins pour voir ou il se cachait.
Alors que je passais la tête sous le lit pour voir s’il s’y cachait bondit la petite bête qui fila comme le vent se cacher dans l’autre pièce. Il marcha en même temps sur ma cheville et, voulant me relever je me pris le sommier du lit dans lequel Kaori était couchée.

Aie !

Je me redressais avant de me frotter la tête et vérifier si je n’avais pas réveillé Kaori, j’avais beau savoir qu’elle ne se réveillerait pas à cause d’un si petit bruit, je vérifiais tout de même par crainte de me faire jeter.

Saberwolf sourit à la remarque de Sasha sur la jalousie, tout en continuant à s'appliquer du mieux qu'il put pour finir l'attelle. Mais à peine eut-il terminé que sa jeune patiente bondit de son fauteuil pour partir à la poursuite du chien, le militaire de releva alors et, caressant ses mains comme pour finir de dissiper la douleur, il lui lança

_ Hey miss ! C'est de l'artisanal hein ! Abuses pas trop c'est pas fait pour courir dès que t'en as envie !!

Il savait très bien que cela n'allait pas l'arrêter, mais au moins il n'avait plus rien à se reprocher. Il prit la place de la jeune fille sur le fauteuil et attendit un instant, avant d'entendre un bruit provenant de la chambre de Kaori.

_ Fff.... Qu'est-ce qu'ils font encore ?

Il vit alors Ulysse revenir, toujours avec la barrette dans la gueule, il le prit sur ses genoux et commença à le caresser affectueusement, lorsque Sasha fit son entrée à son tour, en appuyant sa main sur son crâne

_ Je vois pas pourquoi tu t'mets dans tous ces états ! Avec ou sans ta barrette, ça change strictement rien je trouve... Viens plutot prendre un peu de repos ! On en a tous besoin, et fais attention à ton attelle bordel, j'ai pas les moyens de t'en fabriquer 36 !

Sur ces mots, il se leva et s'allongea sur le canapé clic-clac, laissant son artillerie par terre à côté de lui.

_ Je te laisse la chambre avec Kaori ! C'est un lit 2 places... Bon j'admet que ça risque de faire un peu glauque, mais t'en fais pas ! Elle au moins elle va pas te manger !

Il ricana légèrement puis ferma les yeux, sans chercher à dormir, car il savait très bien que de toutes façons il n'y parviendrait pas. Il attendait juste de voir si Sasha allait partir se coucher tout de suite ou rester un peu.

Alors que je revenais en me massant la tête je me fis réprimander, comme si ma barrette n’avais aucune valeur.

Mais je m’en moque de ce que vous pensez ! Mes barrettes ne sont pas là que pour faire joli !

Il me proposa ensuite d’aller dormir avec Kaori, nous laissant donc le lit deux places tandis que lui occuperais le canapé clic-clac.Je partais donc dans la chambre avec Kaori, me lâchais entièrement les cheveux avant de me coucher et essayer de ne penser à rien pour m’endormir.
Malheureusement déjà que j’avais du mal à dormir avec quelqu’un en général là ça devenais carrément impossible ! Savoir que la fille à mes cotés était comme morte mais sentir son corps réchauffer le lit était vraiment très dérangeant.
Je tournais donc un certain temps mais lorsque sa main glissa et vint rencontrer la mienne je ne pus m’empêcher de sursauter avant de sorti du lit. C’était trop pour moi.
Je sortis donc du lit le plus doucement possible avant de me glisser en dehors de la pièce. Je j’attendis un instant histoire de vérifier que personne n’avais bougé. Il n’y eu aucun bruit suspect et je me dirigeais donc vers la pièce principale ou était couché le militaire.
J’essayais de passer devant son lit sans me faire remarquer mais marchais sur des balles qui étaient répandues à même le sol.

Et mince !

J’avais chuchoté au cas où il dormait mais je l’entendisbouger et même grogner un peu, je ne savais pas si je l’avais réveillé mais entout cas il ne m’avait pas l’air content. Je poursuivais pourtant mon chemin.Mon but était le canapé et, dès que je sentis le tissu blanc je m’arrêtais pour vérifier qu’il n’y avait personne dessus. Je rencontrais le pelage du chien et le pris sous le bras le temps de m'assoir avant de le mettre sur mes jambes une fois assise, j'en profitais pour vérifier si il n'avais pas mes précieuses barrettes ce qui n'était pas le cas. Je finis en allongeant mes jambes jusqu’as qu’elles s’appuient contre la table basse sur laquelle gisaient mes feuilles de dessin avant de soupirer d’aise. C’était peut être moins confortable mais au moins je n’étais pas en présence de cette endormie stressante. Comme si j’avais besoin de cela pour stresser.

Je suis désolée pour tout à l’heure, je sais que c’est un peu tard mais bon : je m’excuse donc de vous avoir mal parlé tout à l’heure et vous remercie pour tout ce que vous avez fait pour nous.

C’était un peu mécanique mais pourtant sincère, j’espérais qu’il ne l’ait pas mal pris. Je fermais les yeux, prête à tenter une nouvelle fois de m’endormir au cas où il ne me répondrait pas. Après tout il avait le droit de ne pas vouloir engager la conversation vu comme j’étais agréable avec lui…

La remarque sèchement lâchée par la jeune fille irrita quelque peu le militaire, qui répondit d'un magnifique levé de sourcil, perplexe. Cependant il ne surenchérit pas et laissa tout le monde aller se coucher. Alors qu'il repensait à tout ce qu'ils venaient de vivre, il entendit au bout d'un moment un bruit de pas, une présence dans l'couloir qui se dirigeait vers lui. Un peu nerveux, sans bouger, il attrapa la manche de son couteau de combat et resserra son étreinte autour de celui-ci, mais, lorsqu'il entendit la douce et apaisant voix de Sasha qui chuchotait un "Mince", il se détendit, et soupira un peu de réconfort.
Il n'ouvrait cependant pas les yeux, et imaginait ce qu'elle était en train de faire au bruit, là elle s'approchait du fauteuil, ha, ce petit tintement de métal, elle vient de porter Ulysse, elle s'installe, et maintenant, plus rien... Jusqu'à ce que la petite lycéenne se mette à lui faire des excuses, et par la même occasion, à le remercier.
Nathanael ne répondit pas tout de suite, il ne voulait pas dire n'importe quoi et cherchait une réplique appropriée, puis il finit par lâcher :

_ T'es déjà pardonnée. T'en fais pas vas, vu les circonstances on a tous le droit de craquer et de se laisser un peu aller ! Alors insulte moi si tu veux, fous toi de moi ou ignore moi, fais ce que tu veux, tant que tu ne perd pas espoir et que tu continue à essayer de survivre.

Il se mit assis au bord de son canapé et étira sa nuque, faisant produire à ses cervicales comme un bruit de craquement, avant de poursuivre ;

_ Tu tiens vraiment à me remercier hein ? Si tu veux on peut... Peut-être s'arranger ! Tu n'as qu'à me faire une faveur !

Le militaire se leva alors et s'approcha doucement de l'endroit où la jeune fille se trouvait, et il reprit ;

_ Ce que j'aimerais que tu fasses pour moi c'est... De me laisser cette place, et de bien vouloir aller t'allonger sur un plumard digne de ce nom ! J'comprend que t'ai la frousse de pioncer avec Kaori, mais alors prend au moins le canapé, et c'est pas négociable jeune fille !

Ils échangèrent donc leur place respective sans avoir à verser trop de sang, puis Saberwolf reprit la parole :

_ Vous vous connaissez, toi et cette fille ? Et t'es sûre que t'as personne à aller sauver ? Un parent, une meilleure amie ou... Un petit ami, peut-être ?

J’eu le droit à quelques instants de silence ou je me demandais réellement si il comptait ne pas me répondre mais j’entendis alors sa voix qui résonnait un peu dans la petite pièce. Il me dit que j’avais à peu près le droit de faire n’importe quoi avec lui tant que je restais en vie. Cependant,inconsciemment ou non, il omit le droit de le frapper comme je l’avais fait. Cet oubli me fit sourire quoi que je ne sois pas spécialement fan de la violence et qu’il ne me serait jamais venu à l’idée de recommencer. Il enchaina ensuite sur une faveur à me demander avant de se rapprocher et de m’ordonner un échange de places stratégique.

Je suis tout de même capable de dormir sur un fauteuil…

Je me levais et partais me coucher non sans grommeler dans ma barbe si j’en avais eu, malgré tout je m’affalais dans le canapé avec un soupir d’aise avant de me caler là ou le militaire venait de se lever,reprenant le plus possible sa place pour ne pas avoir à réchauffer le lit.
Cette fois-ci ce fut lui qui brisa le silence en me demandant si je n’avais réellement personne à aller chercher.

Je suis arrivée deux ou trois jours avant la rentrée scolaire en laissant mon père et mes frères chez moi. On peut dire que je n’ai pas eu beaucoup d’occasion pour lier des liens avec les gens… Et donc encore moins d’avoir un petit ami. Et non j’ai rencontré Kaori en fuyant mon premier zombie

C’était sympathique de s’informer sur les éventuelles personnes de mon entourage à aller chercher et plus spécialement les garçons qui me tenaient à cœur. Pourtant je ne mentais pas, ma famille était en Allemagne à part l’un de mes frères…

Dites, vous n’auriez pas entendus ou vu un garçon d’environ25 ans avec des cheveux bruns dont le nom de famille serait Frey ?

S’il y avait une personne à laquelle je tenais qui avait de grandes chances d’être ici c’était bien lui, il était partit environ cinq ou six ans avant moi pour travailler dans les forces armées, il y avait de fortes chances qu’il ait été rapatrié ici. De plus, j’estimais qu’il valait mieux que je sache ce qu’il lui était arrivé même si cela n’était pas très plaisant plutôt que d’espérer pour rien.

Même si il est mort, dites le moi ! Si vous avez une quelconque information sur lui je veux la connaitre !

Le militaire, posé sur son siège, écoutait attentivement la jeune fille, les yeux fermés, qui était en train de lui assurer avec certitude qu'elle n'avait personne à qui porter secours. Dans le fond, cela rassura Saberwolf, bien content de ne pas avoir à sortir de son petit nid douillet si vite, alors qu'ils venaient juste de trouver un abris. Cependant il ne répondit pas, il n'avait rien à dire et de toutes façons, il n'en aurait pas eu le temps non plus, car tout de suite Sasha lui demanda si il connaissait un certain "Frey", dans les forces armées, assez grand, les cheveux bruns...

_ Hm... Désolé princesse, mais je peux pas connaître tous les gens qui squattent cette base militaire !

Il tourna un peu la tête pour regarder en direction du "lit" de la jeune fille, et en voyant sa mine un peu déçue, il rajouta

_ Mais... Y'a bien un Frey dans la caserne où j'étais ouais... Un de mes supérieurs ! Le Capitaine Frey... Mais, je ne veux pas que tu te fasse de faux espoirs ! Je ne sais absolument pas si il s'agit de ton frère, je ne l'ai jamais vu donc je ne connais ni sa taille ni sa couleur de cheveux, je sais juste qu'avant que je parte en mission ici, il était encore bien vivant...

Il continua d'observer discrètement la jeune fille, et sa pupille qui s'habituait de plus en plus à la pénombre lui permit de distinguer ce petit sourire de soulagement qu'elle arborait, et qui lui fit du bien à lui aussi.

La nuit continua de se dérouler ainsi, ils discutèrent par intermittence, sans vraiment trop savoir quoi se dire, même si Nathanael aurait vraiment voulu lui parler, il n'y arrivait pas comme "il le voulait", comme s'il n'osait pas, peur de la déranger ou d'autre chose... En tout cas, lui ne ferma pas l'oeil de la nuit, et il ne lui a pas semblé non plus que Sasha se soit endormie, mais cependant, ces petites heures passées couchés, tranquillement, sans avoir à courir ou à lutter pour sa survie, lui fit le plus grand bien.
Le lendemain, "réveillé" par les quelques rayons du soleil qui parvenaient à passer au travers des fenêtres calfeutrées, Nathanael s'étira de tout son large, réveillant au passage Ulysse qui fit comme son maître, avant de sauter depuis ses genoux sur le sol et d'aller réveiller Sasha d'affectueuses léchouilles.
Le militaire alla jeter un rapide coup d'oeil à la chambre de Kaori, juste le temps de constater qu'elle n'était toujours pas réveillé, avant de revenir au salon pour saluer la lycéenne

_ Salut jeu... ho... heu, jeune fille ! B-bien dormis ?

Il ne s'attendait pas à la voir ainsi, assise sur le canapé et les cheveux détachés, cette vision lui fit un certain effet qu'il se surprit lui-même à apprécier ! Il resta comme bloqué quelques secondes devant elle, avant de détourner son regard et de fouiller dans les placards, alors qu'il n'avait rien à chercher, c'était juste histoire de faire semblant de faire quelque chose. Puis il se retourna et fit couler un peu l'eau, avant de se baisser pour s'en asperger le visage, pour se réveiller ou... Se rafraichir les idées !

Je souris dans la pénombre, savoir qu’il était peut être encore en vie me faisait énormément plaisir. Peut être qu’il était toujours en vie et sauvais des vies à l’heure qu’il était, même si je ne pouvais le garantir, me dire que peut être il y avait un membre de ma famille qui était en vie dans les alentours me donnais envie de continuer à vivre encore pour les retrouver.
Le reste de la nuit se déroula entre de courtes périodes pendant lesquelles je somnolais ou bien répondais aux questions que me posait le militaire qui ne semblait pas être motivé pour dormir. Le peu de temps pendant lequel j’avais dormi m’avais plus reposé que je le pensais. De plus, si l’on restait un certain temps dans cet endroit, on pourrait ressortir encore plus en forme que lorsque que l’on était rentré. Peu réveillée, j’allais me retourner pour me rendormir lorsque quatre pattes me bondirent dessus avant que je sente une petite langue me nettoyer le visage.

Mais arrête !... Haha… Tu me fais mal…

J’articulais comme je le pouvais ces paroles tandis que le chien s’acharnait sur moi pour me mordre le nez et les oreilles. Je me redressais en posant le chien sur mes genoux avant de remarquer le militaire sortir de la chambre de Kaori. Il bafouilla quelque chose avant de se retourner et fouiller dans les placards. J'hallucinais, je ne voyais pas ce qui aurais pu le gêner à ce point, je continuais à le regarder alors qu’il se mouillait le visage. Encore un peu endormie, je décidais alors de le rejoindre pour faire de même.

Je peux ?

Je m’étais placée à coté de lui pour ne pas le gêner tout en m’imposant même si je me doutais bien qu’il ne dirait pas non. Je passais donc mes mains sous l’eau avant de faire pareil que l’homme qui se trouvait à coté,une fois cette opération finie je passais à mon tour dans la chambre de Kaori non sans rajouter une petite remarque en rigolant.

Vous avez le dos plein de poils de chats.

C’est donc de bonne humeur que je pris ma bande avant de commencer à m’enrouler les cheveux, ils n’étaient pas coiffés mais ça ne poserais pas de problèmes si je le faisais ce soir. Maintenant qu’il ne me manquait plus que le petit déjeuner pour pouvoir repartir.
J’ouvrais donc une boite de pâté pour chat avant de la proposer au chien. Ce n’était pas que j’essayais de l’empoisonner mais juste qu’il n’y avait rien d’autre pour lui, je le caressais donc tandis qu’il avalait goulûment le contenus de la boite en lui chuchotant.

Alors ? Est que tu sais ou sont cachées mes barrettes ?

Comme il ne me répondais pas, ce qui était logique, je me levais dans un soupir et commençais à ranger les affaires qui étaient restées sur la table basse, je ne voulais pas qu’elles soient abimées.

Bon le petit déjeuner maintenant.

Sur ces mots adressés à moi-même je me retournais pour voir ce que faisait Saberwolf et lui demander en même temps comment il on allais s’organiser pour rester ici le plus longtemps possible.

Lorsque Sasha vint se coller à lui pour l'imiter et se passer de l'eau sur le visage, le militaire, toujours mystérieusement mal à l'aise, ne resta pas devant le lavabo très longtemps, et préfera aller s'occuper d'Ulysse. Il s'accroupit et lui parlait, lui racontant des futilités que de toutes façons le chien ne comprenait pas, quand il entendit la lycéenne passer derrière lui pour aller dans la chambre de Kaori, faisant au passage une remarque sur son dos couvert de poils. Il se releva et la regarda s'éloigner, avant de se tourner ridiculement dans tous les sens pour essayer de voir cette fameuse fourrure ! Convaincu de la médiocrité de son accoutrement, et dans l'impossibilité de remettre sa veste de lieutenant, celle-ci étant couverte de sang et à moitié en pièces, il fut contraint de fouiller une nouvelle fois l'appartement, pour y dénicher cette fois un vieux manteau poussiereux, pendu dans l'entrée. Il était raccommodé à certains endroits, sa couleur n'était pas unie, allant du beige au noir, en passant parfois par le blanc, mais au moins, il semblait propre malgré l'odeur de "vieux" qui s'en dégageait.
Il l'enfila donc pour constater avec "bonheur" qu'il lui allait parfaitement, quoi qu'à peine large au niveau des manches, mais ce n'était pas dérangeant, bien au contraire (HRP : mon perso ressemble maintenant à mon avatar /HRP). Au même moment, Sasha revenait de la chambre, prête pour une nouvelle journée de lutte pour sa survie ! Cette fois il pu la regarder, sans problème, il lui sourit même amicalement, bizarrement, peut-être était-ce parce qu'elle s'était attaché les cheveux ? C'était étrange... Quoi qu'il en soit, la jeune fille donna à manger à leur nouveau compagnon, puis se débrouilla comme elle put pour leur préparer le petit déjeuner. Pendant qu'elle s'activait derrière l'évier, Saberwolf prit la parole ;

_ Je sais pas combien de temps on va pouvoir rester ici, mais j'espère le plus longtemps possible... On devrait pas avoir trop de mal à s'organiser, l'eau marche donc la douche et les toilettes aussi, et on a suffisamment de place pour vivre à trois tout en se préservant chacun un peu d'intimité ! Non le seul problème qu'il risque de se poser, comme t'es sûrement en train de le constater à l'instant, c'est... Au niveau de la nourriture...

Il se laissa tomber sur le fauteuil et regardait Sasha occupée derrière le comptoir

_ A part ce léger problème, perso, si tu reste comme t'es actuellement je pense pouvoir te supporter !

Dit il en plaisantant. Puis il se releva et regarda par la fenêtre, dans les interstices des volets, il scrutait les rues peuplées des ces créatures avant de reprendre

_ Il me semble avoir vu une épicerie au bout de la rue, en venant ici, tu confirmes non ? Tu dois le savoir mieux que moi... Quand le moment sera venu, je sortirai par cette fenêtre et j'irai "faire les courses" là-bas, tu m'attendras ici et tu surveilleras Kaori et Ulysse, et tu laissera pendre une corde ou un drap par la fenêtre, juste devant la fenêtre de l'étage en-dessous ! Mais ne reste pas près de la fenêtre, le mieux serait d'éviter d'attirer leur attention...

Le temps que je revienne il avait trouvé une vieille veste qui lui allait plutôt bien même si je ne savais pas ou il avait bien pus la trouver mais elle remplaçait à merveille son vêtement tout abimé. J’eu droit à un sourire de bienvenue que je lui rendis.
Tout en mangeant un truc assez peu appétissant nous eûmes une discussion dont résultait le problème de la nourriture. En effet, si nous avions tout le « confort » possible notre situation risquait de devenir difficile si nous venions à manquer de quoi nous nourrir.
Tandis que je m’occupais de ranger un peu ce dont nous nous étions servis, le militaire se laissa tomber sur le fauteuil en rajoutant une remarque.

C’est trop aimable !

Je me retournais pour remarquer qu’il s’était approché de la fenêtre, il en profita pour m’exposer le plan qui nous permettrait de ne pas mourir de faim.

Je me tien prête alors

Cependant ce moment ne semblait pas être encore venu,pendant les quelques instants de silence qui s’écoulèrent je pus réfléchir àtout ce qu’il venait de me dire et en déduire une chose.

Puisqu’il y a de l’eau, je pense que je vais aller prendre une douche alors.

Je me dirigeais donc vers la salle de bain et ouvrais la porte qui semblait très abimé. J’observais celle-ci un instant : des toilettes, un lavabo, une douche et une baignoire étaient contenus dans une pièce que je n’avais jamais pris le temps de visiter. En même temps, il ne m’était pas encore arrivé de dormir dans cet endroit avant cette nuit. A part le fait qu’elle était recouverte d’une fine couche de poussière, la salle de bain semblait plutôt bien équipée et il me suffit de balayer la salle des yeux pourvoir le placard entre-ouvert dans lequel se trouvaient quelques serviettes de bain pliées en vrac. Je me demandais quand même qui avait bien pu les laisser là tout en m’avançant dans la pièce et en fermant la porte dans mon dos. Celle-ci eu d’ailleurs la bonne idée d’être cassée et de ne pas pouvoir se fermer à clef.
J’hésitais un instant à prévenir Saberwolf mais me dis qu’il avait surement autre chose à faire que de savoir que la porte ne fermait pas bien.
Je nouais donc ma « queue de cheval » en un chignon, je ne comptais pas me lez mouiller pour rien ! Après avoir passé un jet d’eau pour lever la poussière de la douche et m’être déshabillée, je me mis sous l’eau. Je réussis à trouver un petit rognon de savon sans doute oublié mais qui me paraissait suffisamment en bon être pour que l’on puisse s’en servir.
Une fois savonnée, rincée et séchée, je me rhabillais avant de sortir de la pièce.
Je croisais Crow dans l’appartement et lui proposais d’y aller à son tour ce qui sembla lui convenir.

Une fois « seule », une soudaine envie de dessiner me pris, il y avait maintenant plus de 24 heures que je ne m’étais pas servie de mes affaires d’art et elles m’attiraient irrémédiablement. Courant presque à cause de mon attelle refaite comme j’avais pu, je me précipitais vers mon matériel avant de jurer.

Je vais le tuer ce chien !

En effet, ayant mal fermé mon sac la veille, celui-ci laissait dépasser des feuilles qu’Ulysse avait saisies et massacrées. Hésitant un instant à étriper l’animal, je me résolu à l’ignorer complètement et à prendre mon fusain. Il me fallait maintenant un support. J’errais quelques instants en regardant ou je pourrais trouver mon bonheur avant de rester scotché devant le mur en face du lit de Kaori. Cette surface relativement plane et propre me convenait parfaitement et, sans réfléchir à mes actes je commençais à dessiner dessus.
Alors que sur le mur commençait à se dessiner un visage et qu’une partie de mon stress de la veille s’envolait, j’entendis des bruits de pas qui se rapprochaient dans mon dos. Je ne me retournais même pas, trop absorbée par ma création.

Saberwolf approuva la proposition de Sasha et se dirigea dans la salle de bain. Après le passage d'une première personne, l'endroit semblait déjà plus vivant, mais il subsistait dans les recoins l'ombre de leur nouvelle vie. Poussière, toiles d'araignées, absence totale de cosmétiques ; voilà à quoi ressemblait l'endroit qui autrefois rimait avec hygiène. Le militaire se dévêtit, sans s'arrêter de prêter attention à ce qu'il se passait dans les pièces voisines, et il enjamba la baignoire pour y pénetrer, s'appuyant contre le mur d'en face sur lequel lézardait une fêlure inquietante. Il attrapa le robinet d'eau chaude et, sans rendre ce moment si délicieux plus solennel que ça, il tourna la poignée d'inox rouillé et la douche cracha son jet d'eau purifiant, lavant le corps de Nathanael de toute la tension, la crainte, la fatigue...
Les secondes se transformèrent en minute, et les minutes en heure, il lui avait parut être resté toute la journée sous cette douche bienfaisante, mais lorsqu'il en sortit, remettant son boxer, son pantalon et sa montre, il fut surpris de constater que celle-ci n'indiquait pas plus tard que 11h15. Il prit une grande bouffée d'air, et jugea qu'après une douche brûlante, l'air était trop lourd pour se rhabiller complètement, alors il attrapa juste une nouvelle serviette avec laquelle il s'essuya les cheveux en quittant la salle de bain.
Il allait rejoindre Sasha dans le salon quand il trouva cette dernière dans la chambre de Kaori, en train de dessiner sur le mur. Il s'approcha d'elle et de son oeuvre, pour y prêter un oeil plus attentif. Il fut comme absorbé par le dessin, ce n'était pas du grand art, ça manquait même un peu de talent, mais c'était tellement beau, disons plutôt, tellement original, un mélange harmonieux d'idées qui n'auraient pu germer que dans l'esprit d'un artiste de génie.
Le militaire laissa sa serviette sur ses épaules et chercha quelques mots pour exprimer toute son admiration, mais ne sut trouver qu'un :

_ Wouah...

Puis il secoua la tête, comme pour reprendre ses esprits, et un sourire parut illuminé son visage. D'un rapide "Je peux ?" il se baissa pour attraper un des fusains de la lycéenne et commença aussi de son côté à refaire la décoration. A deux ils y passèrent toute une bonne partie de la journée, les dessins de Saberwolf ressemblaient plus à des graffitis qu'à de belles scènes finement travaillées, comme les dessinait si bien Sasha, mais au final, leur deux talents réunis avaient su embellir une partie de leur journée, et rendre leur condition de survivants moins triste. De plus, la chambre était désormais l'endroit le plus accueillant de la maison, bien plus accueillante que certaines entrées de maisons pourtant habitées, c'est donc fiers d'eux et les doigts noircis par le crayon qu'ils s'asseyèrent par terre, admirant leur oeuvre murale toujours avec ce large sourire enfantin qui n'avait pas quitté leur visage de la journée.

_ T'as soif ?

Finit par demander Nathanael, en se levant pour se diriger vers la cuisine. Il en revint avec deux verres remplis d'eau, dont un qu'il offrit à sa compagne, avant de se rassoir à ses côtés.

En entendant sa voix, je me retournais pour voir le militaire en admiration devant ce que j’étais en train de faire. Je le regardais un peu surprise autant par le fait de ne pas m’être fait engueuler et qu’il vienne même joindre son talent au mien mais aussi par le fait qu’il n’avait ni sa veste usée ni son tee-shirt et qu’il m’avait regardé avec un sourire que j’avais rarement vu dans ma petite vie. Un instant ou aurais eu l’impression que la pièce c’était illuminée, je l’observais donc se mettre au travail avant de m’y remettre aussi.
Une partie de la journée se déroula donc avec pour seule paroles les bruits de nos fusains courants librement sur le mur.
Au bout d’un moment, alors que notre support avait été complètement recouvert, nous nous assîmes en face de lui pour mieux le contempler. Mon collègue se leva tandis que je regardais ce qu’il avait fait, ne pouvant détacher de mon visage la joie qui c’était installée dans mes traits. Je l’entendis revenir et levais la tête pour le regarder me présenter un verre d’eau. Je le remerciais avec une formule de politesse et le grand sourire qui semblait vouloir rester là un moment. Il se rassit à coté de moi.

J’aime beaucoup ce que vous avez fait ! Ça change des peintures artistiques que l’on peut voir.

Je tenais mon verre des deux mains de peur qu’il m’échappe, une fois sortie du contexte, on aurait presque pu croire que je venais de courir un marathon auquel il m’aurait fallu tout donner pour gagner. C’était un peu ce que je ressentais en ce moment, comme si tout m’étais possible.

Je peux ?

Toujours à terre contre le lit, je m’adossais à moitié sur Saberwolf sans attendre sa réponse, il était tout de même plus confortable que mon précédent dossier. Buvant mon eau par petites gorgées je regardais toujours le mur avant que mes yeux dérivent sur le plafond qui me semblait bien triste si on avait l’audace de le comparer à notre œuvre.

Et vous… Vous nous aviez demandé si on avait des gens à sauver mais vous devez bien avoir de la famille ou des amis à aller chercher non ?

Je me retournais pour mieux l’écouter et le regardais attentivement alors qu’il répondait à ma réponse, en profitant au passage pour détailler chaque partie de son visage. Ce qui m’intriguait, en plus de ses yeux d’un noir rare, étaient ses cheveux blanc que personne n’avais eu devant moi. Pensant un instant à la coloration avant de me dire que des hommes de son genre ne devaient pas avoir que cela à faire je finit par lui demander.

Vos cheveux… Vous les avez teints ? C’est pas possible d’avoir une telle couleur naturellement.

J’essayais de ne regarder que ses cheveux mais bon… Ça n’était pas facile pour moi de se concentrer seulement là-dessus.

(HRP : sa avance pas grand-chose mais j’espère que ça t’ira quand même ^^)

Sasha le complimenta sur son travail de la journée, il fut flatté et presque un peu gêné mais ne sut le montrer plus que ça, au contraire il lui répondit clairement ;

_ Merci ! Mais je suis loin d'avoir ton talent... Moi j'n'ai fais que d'écrire des mots dans une police un peu plus agréable à regarder que l'habituelle !

Il s'appuya contre le lit avant de reprendre ;

_ Est-ce que je peux te demander un service, Sasha ? J'aimerais bien que tu me tutoies, si ça te pose pas de problème... Vu notre situation, on peut se passer des formules de politesse et se rapprocher un peu plus, enfin je pense...

Puis il replongea dans sa contemplation, retraçant les contours de leur oeuvre d'un regard perçant d'admiration. Il était comme absorbé, inlassablement soumis à l'attraction que ces dessins exerçaient sur lui, tellement perdu dans ses pensées qu'il ne broncha même pas quand la jeune fille s'adossa sur lui, il l'avait cependant remarqué, ce contact inattendu et pourtant si agréable. Il souriait toujours de la fierté que leur travail accompli lui procurait, mais cette fois ci ce bonheur était également mêlé à cette soudaine joie, cette sensation que lui donnait le fait de ressentir le corps de Sasha contre le sien, de ressentir sa présence, celle d'un autre être vivant, et qui au plus profond de sa carrure d'homme sans peur, le rassurait et adoucissait ses craintes. Il avait presque envie de la serrer contre lui, comme le doudou que l'enfant prend contre son coeur pour se rassurer dans des nuits trop noires, mais il n'en fit rien, se rendant bien compte que la jeune fille n'était pas qu'une simple peluche sans conscience ni jugement. Cependant, pour se mettre plus à l'aise et pour rendre à sa compagne cette position plus confortable, il "libera" son bras sur lequel elle s'était appuyé pour le passer autour de son épaule. Cet agréable moment de répit, qui leur permit à tous les deux de regoûter à la délicate saveur de l'humanité, était rythmé par un silence apaisant, calme, et bienfaisant. L'atmosphère se faisait de moins en moins lourd, la solitude de moins en moins pesante et le temps paraissait de moins en moins long, c'était comme si tout commençait à rentrer dans l'ordre ; tout allait bien à ce moment dans leur petit paradis artificiel qu'ils s'étaient dessiné.
Puis, Sasha vint rompre ce silence si agréable de sa voix qui l'était encore plus, pour lui demander si il n'avait pas de proches à aller chercher lui non plus, ce à quoi il répondit ;

_ Ma famille vit en Californie, je suis seul ici ! Et mes seuls amis sont déjà à la caserne, ils nous attendent... D'ailleurs c'est là-bas qu'on devrait aller, si on veut avoir une chance de nous en sortir ! Ne reste plus qu'à trouver comment....

Pendant qu'il parlait, la jeune femme s'était mise à le regarder dans les yeux, ce qui le troubla au plus haut point ; il savait rester de glace devant un régiment ennemi prêt à se sacrifier pour sa patrie, ou devant des machines de guerres dévastatrices ou encore même devant une armée de zombies enragés, mais soutenir le regard d'une fille qu'il jugeait jolie était au-dessus de ses forces, et à la caserne on ne l'a jamais entrainé à ce genre de situations. Et, comme il sentait ses joues chauffer, il attrapa Ulysse qui passait par là pour le caresser et faire "diversion".
Sasha le questionna alors à propos de sa couleur de cheveux, blanche, qui ne lui semblait pas vraiment naturelle ;

_ Ho ça... J'aimerais bien pouvoir te répondre mais moi même je ne possède pas tous les détails... Je sais juste que lorsque j'étais enfant, je suis tombé gravement malade et... La décoloration de mes cheveux a fait partie des séquelles qui me resteraient jusqu'à mes vieux jours...

Comme il parlait avec une certaine mélancolie dans la gorge, il enchaina sans tarder ;

_ C'est à la caserne que j'ai appris à faire des graffitis ! J'y ai connu un mec, Aedess, dont c'était pratiquement le métier, enfin j'veux dire il aurait pu gagner sa vie avec ça si ça avait été une profession... A la base j'adorais tagger, une sorte de manière d'exterioriser ma haine ! Quand j'étais gosse, dès que j'avais un stylo entre les mains j'avais ce besoin irrésistible d'imposer ma signature sur le monde qui m'entourait ! Une table, un mur, un banc etc... J'étais un petit merdeux quoi ! Et, arrivé à la caserne, j'ai rencontré ce type là, à peine plus jeune que moi, qui m'a appris les ficelles "du métier"... Je sais pas ce qu'il est devenu aujourd'hui, mais, toujours est-il qu'une partie de l'oeuvre qu'on a en face de nous on la lui doit... Alors j'te lève mon verre vieux frère des banlieues ! En esperant ne pas avoir à t'exploser le crâne à notre prochaine rencontre !

S'exclama finalement Nathanael, en l'honneur de cet Aedess...

J’avais l’habitude qu’on me complimente sur mes « œuvres » mais ça me faisait toujours autant plaisir,peut être même plus cette fois ci, je n’étais pas sure.

Je ne suis pas sure d’arriver à vous… à te tutoyer, mais promis j’essayerai.

Il était vrai que maintenant à part son expérience rien ne le différenciais réellement d’un civil donc le tutoyer était presque légitime.Il entoura mon épaule de son bras, laissant la chaleur de celui-ci sur mon épaule. Ensuite il ne bougea plus et répondis aux questions que je lui avais posé.

Donc tu n’a pas de lien ici…

Étrangement cela me faisait presque plaisir, il ne fallait pourtant pas mais je ne pus pas m’empêcher d’être un peu soulagée. Comme ça on allait peut être rester un peu plus longtemps ensemble touts les trois. Il enchaina ensuite à expliquer la raison pour laquelle ses cheveux avaient la même couleur que les plumes des oiseaux porteurs de paix et d’espoir, je me plaisais un instant à croire que grâce à lui tout irais mieux et que ce qui était à l’extérieur disparaitraient mais me ressaisis vite, pour le moment la paix qui m’était accordée était celle que m’offrait son bras. Je faillis lui poser une question stupide mais il m’en empêcha en continuant son histoire. Je sentis sa voix frémir un instant alors qu’il racontait une partie de son passé,je me serrais un peu plus contre lui comme si cet acte pouvais lui apporter du réconfort. Je levais mon verre à l’intention de cet inconnu qui m’aurais peut être paru sympathique si je l’avais connu et qui faisait ressortir toutes sortes de souvenirs plus ou moins heureux et me donnais envie de les raconter à celui qui venais de se confier à moi. Pourtant je n’en fis rien et réfléchissais à ce qui pourrait continuer la conversation sans risquer de dire une bêtise. C’est ce moment là que le chien choisis pour se mettre sur mes jambes, je détournais le regard de mon camarade pour le poser sur l’animal noir et marron, il donnait presque l’impression d’être sortis de notre « immense tableau ».

Et toi c’était quoi ton histoire ?

Je le caressais doucement ce qui eu pour impact de le réveiller et de le faire migrer une fois de plus vers Saberwolf, je ne pus m’empêcher de rigoler, cette partie de dessins m’avais vraiment fait du bien même si nous n’aurions peut être pas l’occasion de recommencer de si tôt. Fermant les yeux et profitant de la pause qui nous était accordée, j’écoutais les bruits aux alentours avant de dire calmement.

Je sais que ça fait un petit moment que l’on à finit de ça mais j’aurais bien aimé connaitre votre « Aedess » ? Il m’a l’air d’être quelqu’un qui est capable d’apprendre des choses aussi intéressantes, j’aurais bien aimé apprendre à faire ce genre de choses sur les murs. Même si ce n’est pas avec du fusain que j’aurais dessiné ça.
Moi mes amis ne m'ont jamais rien appris sur l'art en général, juste bon à dire que c'était beau.

Nathanael continuait de se laisser bercer par les paroles de Sasha, ne les écoutant qu'à moitié sans pour autant l'ignorer. La preuve étant que quand la jeune fille se mit à lui parler de son ancien compagnon, le militaire lui répondit aussitôt ;

_ Aedess Dantecircle... Tu ne l'aurais pas aimé, moi je ne l'appréciais pas plus que ça, c'était un vrai con, mais je le respectais pour ça... Les gens disaient que ce n'était rien qu'un salopard, mais la vérité est qu'il ne faisait qu'être franc, et les gens comme lui sont tellement rares qu'on a finit par les détester. Il était souvent seul, et même si j'avais dû mal à rester avec lui - car moi aussi il n'hésitait pas à me mettre la vérité en face - j'essayais de passer le plus de mon temps libre à ses côtés, il a tellement de choses à nous apprendre, à nous autres, êtres humains et hypocrites ! Il ne m'a pas seulement enseigné l'art du graffiti, il m'a aussi fait partager ses reflexions, car il réfléchissait beaucoup pour un militaire !

Nathanael ricana légèrement puis sembla se perdre dans ses pensées, avant de reprendre ;

_ Tu... Tu veux apprendre ? Je peux essayer de t'enseigner deux ou trois trucs si tu veux !

Un peu à contre-coeur il quitta l'agréable chaleur de Sasha pour se relever, et lui prit la main pour l'aider à faire de même. Il ramassa un fusain et s'agenouilla, commençant de nouveaux tracées sur le sol, seul endroit de la pièce - avec le plafond - qui n'était pas encore habillé de leur talent. En traçant ses lettres lentement, il lui expliquait

_ Pour les formes des lettres, ce n'est qu'une question d'originalité ! Je ne pense pas avoir quoi que ce soit à t'apprendre à ce sujet, tu en sais bien plus que moi ! Ensuite le tout est de "restreindre" ses idées, car il faut être originale mais il faut que chaque lettre s'accorde avec celle qui la précède et qui la suit. En gros tu dois laisser ton imagination guider ta main, sans te laisser aller à penser à n'importe quoi ! Regarde ma main, quand je trace un trait, il est impossible même pour moi de prévoir dans quelle direction elle va aller ensuite, puisque je ne le sais pas moi même ! Le graffiti, ça serait comme un spectacle d'improvisation ! Tu laisses parler ton imagination, ta créativité, en restant dans un même "thème" pour que le public puisse te suivre !

Il lui tendit un fusain en lui souriant, plongeant ses yeux dans les siens consciemment, pour la première fois, comme pour la mettre à l'aise et l'encourager. Il se tint debout, derrière elle, la regardant s'appliquer à essayer de faire un graffiti qui au final, était d'un niveau excellent pour une première fois. Epaté par son oeuvre, il reste quelques secondes bouche bée avant de la félicité avec une voix hésitante et des yeux pétillants, comme un professeur emplit de fierté devant son élève

_ C'est excellent... Je n'ai pas réussis à en faire d'aussi beaux que ça avant des mois de travail !

Il prit place sur le matelas, au pied du lit qui regnait dans la chambre, et sans détacher son regard du dessin encore frais de Sasha, confia à cette dernière ;

_ Tu es vraiment quelqu'un d'extraordinaire...

Oui je veux bien !

Et voila qu’après m’avoir décrit son ami et avoir attendus un petit moment il m’avait proposé de me donner quelques conseils. Il m’aida à me relever après s’être lui-même mis sur ses jambes. Il commença à s’agenouiller pour remplir l’une des parties qui n’était pas encore embellie par nos créations. Je me mis à ses cotés, un genou au sol, et regardais attentivement les mouvements que faisait sa main, il me semblait presque que le militaire appartenait au fusain et non le contraire. Je buvais ses paroles, essayant de mémoriser le plus d’informations possibles pour pouvoir au mieux les ressortir et les utiliser plus tard.
Il me tendit le fusain en me fixant, je soutins son regard sans pour autant lui sourire, tellement concentrée sur la tache qui m’était confiée.Je ne voulais en aucun cas décevoir mon professeur.

Je ne suis pas sure d’y arriver moi…

Je me mis dans la même position que lui, essayer de ressembler à mon moniteur me permettrais peut être de saisir tout ce qu’il m’avait dit. Je pris mon temps pour faire quelque chose de beau, laissant mon esprit se manifester sur le sol comme il l’avait fait sur le mur. Lorsque je me redressais, le visage de Saberwolf était rayonnant et il me gratifia d’un immense sourire qui,communicatif, se refléta sur mon visage comme dans un miroir. Je le vis prendre place sur le matelas au pied du lit en me disant que j’étais quelqu’un d’extraordinaire, le compliment me fit plus d’effet que je ne le pensais et je devins rouge comme une tomate réussissant tout juste à articuler.

Ben… merci… en même temps c’est normal… c’est parce que j’ai un bon prof…


Gênée par ce compliment, je ne pus m’empêcher de rougir jusqu’aux oreilles. N’osant pas me rassoir à coté du militaire, je continuais donc un petit moment à m’entrainer sur le sol sous le regard bienveillant de mon professeur. Au bout d’un moment, grisé par ce nouvel essai qui me semblait bien plus réussi que le précédent. Je me contentais d’abord de m’assoir sur le lit sur lequel Crow était adossé avant de me retourner pour me coucher sur le ventre. Je regardais dans le vide avant de demander d’une voix un peu fatiguée.

Vous n’avez pas autre chose d’aussi intéressant à m’apprendre encore ?

J’attendais patiemment sa réponse avant qu’une petite boule de poils ne bondisse sur moi avec des aboiements joyeux. Je me détournais un instant pour jouer avec lui avant que mon regard ne tombe sur le corps de Kaori qui était couché à coté de moi. J’observais la fille inanimé avant de me lever en frissonnant, je ne supportais toujours pas de la toucher ni de la voir dans cet état. Je pris donc mon verre vide pour aller le remplir à la cuisine. En entrant dans la pièce, je sentais quelque chose qui avait changé. Pas à l’aise je me déplaçais un peu sur mes gardes, prête à contrer toute sorte d’attaques. Je recommençais à stresser, tout ce que j’avais évacué lors de notre immense dessin.
Une présence me fis me retourner, je lâchais mon verre qui se brisait au sol avant de crier.

Après un deuxième essai égal au premier, Sasha vint le rejoindre sur le lit et s'allongea ensuite sur le ventre, laissant s'évaporer dans un soupir tout l'épuisement de ces deux derniers jours. Après quelques minutes de silence, le militaire commençait à somnoler, les paupières lourdes des évènements passés écrasaient sa volonté sous le poids de la fatigue. C'est alors que la mélodie des mots de la jeune fille vinrent bercer Nathanael, l'emportant à mi-chemin du pays des songes, ni totalement réveillé, ni complètement endormi.
Il sursauta quelques secondes plus tard, réveillé en sursaut par un bris de verre, et vivifié par l'inquietude, il ne lui fallut pas plus d'une seconde pour se rendre compte de l'absence de sa protégée et de bondir en direction du couloir, juste avant que celle-ci ne pousse un cri effroyable. Il courut vers elle et la prit dans ses bras comme pour la couvrir du danger imminent qui allait s'abattre sur elle. Ils attendirent quelques secondes dans cette position, recroquevillés sur eux-même, Nathanael serrait les mâchoires comme s'il avait déjà commencé à souffrir de la douleur à laquelle il s'attendait, mais rien... Rien ne se passa... Doucement il réouvrit les yeux et commença à se redresser ;

_ Qu... Qu'est-ce qui t'as pris ??!

Il regarda en direction vers laquelle la lycéenne était tournée, et aperçu au bout du couloir la porte vitrée du vieux placard dans lequel n'étaient plus stockés que les vieux souvenirs de la vie qu'il y avait bien pu avoir ici auparavant. Sur cette vitre qui semblait refléter le monde en noir et blanc se dessinaient leur reflet, et cette image soulagea Saberwolf, qui se laissa tomber sur le canapé, puis se mit à rire ;

_ T'as eu peur de ton reflet patate... Hinhin... Me refais jamais ça, ok ? Sinon j'te met à la porte !

Il se vautra contre le dossier, posant une main sur son coeur qui mitraillait son corps de pulsations chargées d'angoisse. Il en riait maintenant, mais il lui semblait ne jamais avoir eu aussi peur de sa vie, et cela le fit réfléchir ; Qu'aurait il fait si il lui été arrivé quelque chose ? Il se serait retrouvé seul, avec un corps inanimé et un chien taciturne, cet incident lui fit comprendre l'importance que Sasha avait acquit à ses yeux en moins de 48 heures, il avait besoin d'elle presque autant qu'elle avait besoin de lui. Il attrapa alors sa main et la tira sur lui, comme si il avait besoin de ressentir sa présence comme ils l'avaient fait quelques minutes plus tôt, et lui dis d'un air enjoué ;

_ Alors, tu voulais que je t'apprenne autre chose c'est ça ? Hmm voyons voir... Je sais pas ce que je pourrais faire de plus pour toi ! T'es bien plus douée que moi en dessin !

Dehors, le soleil commençait déjà à se coucher lentement, se laissant dévorer par l'horizon insatiable, tandis que le sommeil revenait petit à petit arracher l'esprit de Nathanael des bras de la jeune fille...

Il y avait quelqu’un, l’instant avant que des bras protecteurs ne me recouvrent et me serrent j’avais vu une personne qui m’observait.Je me recroquevillais donc dans l’asile qui m’était offert en attendant la réaction de l’inconnu. Pourtant rien ne vint et, alors que le militaire relâchait doucement son étreinte, je regardais par dessus son épaule pour chercher ce qui m’avait fait peur.

_ T'as eu peur de ton reflet patate... Hinhin... Me refais jamais ça, ok ? Sinon j'te mets à la porte !

A cette remarque je devins toute rouge, comment j’avais pu me tromper ainsi ? Je le foudroyais du regard pour cette remarque alors qu’il s’affalait sur le canapé en riant. Sa seule réaction fut de m’attirer vers lui pour me prendre sur ses genoux. Interdite, je n’osais pas bouger avant qu’il me dise qu’il n’y avait rien qu’il puisse m’apprendre vu mon niveau en dessin. Je le regardais un peu étonnée, vu son niveau j’aurais au contraire pensé qu’il avait l’habitude de dessiner plein de choses différentes.

Oui mais il n’y à pas que le dessin, je suis sure que vous savez plus de choses que moi : en combat par exemple. Je vous aurais bien demandé de me montrer quelques trucs si vous n’aviez pas mal aux mains et moi à la cheville.

A vrai dire, ma cheville ne me faisait pas mal pour le moment mais je me doutais bien qu’elle ne se réparerait pas comme ça et qu’il valait mieux qu’elle ne bouge pas trop pour le moment, même si pour cela il fallait que je me prive d’entrainements. Incapable ne rien faire pendant plus de cinq minutes, je me redressais pour mieux écouter les bruits qui nous entouraient. A part les cris de quelques zombies qui résonnaient de temps en temps dans le silence de l’obscurité naissante et les bruits du chien qui devait se faire les dents dans la chambre ou était Kaori il n’y avait rien. J’avais pourtant peur que mes cris les aient attirés vers nous, brisant la semi-tranquillité qui s’était construite ici.
Mon regard balaya la salle avant de tomber sur le visage de mon « siège ». Il avait les yeux fermés et sa respiration semblait régulière, il y avait de grandes chances qu’il se soit assoupi. Je me plaisais un instant à l’observer en silence avant de remarquer que mes mains avaient laissés sur son torse quand il m’avait pris dans les bras pour me protéger de la « menace » du miroir. Constatant qu’il m’en restait encore sur les doigts, je fis ce qu’aurais surement fait toute personne dans ma situation, je m’approchais de la tête de l’endormi pour commencer à lui dessiner doucement sur le visage après l’avoir doucement pris dans une main pour ne pas le réveiller.
Ce qui marcha à merveille car ses paupières ne papillonnèrentmême pas.
Je finis par me lasser, un bruit vers la porte attira monattention. Je me levais en prenant le pistolet qui se trouvait dans mon sac eten me rapprochant de l’endroit d’où venais le bruit. Inutile de dire que jestressais comme une folle, ma réaction face à mon reflet dans la glace leprouvait. En m’approchant au fur et à mesure, je me rendis compte que c’étaitle chien qui grattait contre la porte. Soulagée je rigolais un peu et m’asseyaisà coté de lui pour le caresser.

-Tu m’as fait une de ces peurs… Tu as envie de sortir ? Moi aussi. Sa te dit qu’on aille se balader tous les deux pendant qu’il dort ?
Je n’obtins pas de réponse de sa part ce qui était normal, pourtant je medirigeais à pas de loups dans la chambre ou « dormait » Kaori. Je luipiquais les souliers qu’elle avait pour me les mettre aux pieds. Elle n’enaurait pas besoin pour le moment et n’avait émis aucune objection que je leslui avais enlevé ce qui était aussi normal. Je pris mon sac et mis la petite bêtededans avant de laisser un petit mot sur la table pour prévenir le militaire queje partais me balader et rentrerais bientôt. Ceci fait je décoinçais la porte et m’aventurais sans bruit dans les rues après avoir refermé derrière moi l’unique entrée de notre mini-utopie et partis m’aventurerune nouvelle fois dans le monde dangereux de l’extérieur.

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