Jouons au roi du silence [PV tous les lycéens qui s'ennuient et Dimitry]

J’en n’y arrivais pas. J’étais en salle de cour et je n’y arrivais pas. J’avais réussi à être malade alors que nous avions une épreuve et n’avais donc pas pu la faire. Du coup, je devais la rattraper. Dans des conditions plus ou moins pitoyables à vrai dire. Au lieu de se trouver dans une immense salle avec tous les élèves de la section, je me retrouvais dans une salle d’art plastique. Certes nous n’étions pas beaucoup et le silence était de mise. Mais depuis quand ce genre de choses était un avantage ? Nous étions sur des bureaux doubles qui étaient en face les uns des autres de manière à former des carrés, j’avais donc quelqu’un en face de moi ou presque. Seulement je ne savais pas qui il était. Et puis, pour faire connaissance avec un individu, le mieux n’était pas vraiment lors d’un contrôle.

En temps normal, j’aurais pris un petit bout de papier, lui aurait furtivement glissé au moins pour attirer son attention mais là la salle n’était pas assez pleine. Pour ça que je n’aimais pas le rattrapage. Surtout en fait quand c’était avec cette surveillante : une grande et maigre blonde ressemblant à un vautour séché qui regardait les élèves comme s’ils n’étaient que de la viande pas assez morte pour eux. Oui je ne la portais pas dans mon cœur et alors ? C’était réciproque. Du coup, elle me fixait trop souvent de ses yeux brun délavé, semblant attendre sur ses jambes perchées que je fasse une gaffe pour qu’elle puisse me sauter dessus. Mais cette fois-ci je ne comptais pas être sa proie, surtout que je n’étais pas la seule à avoir quelques différents avec elle, il y en avait certain qu’elle ne semblait pas porter non plus dans son petit cœur rabougris. Au moins j’avais de temps à autre un champ d’action pour faire une ou deux bêtises.

J’avais donc commencé par regarder ceux qui m’entouraient, les détailler, savoir qui connaissait les réponses et qui serait capable de me les fournir. Le problème ? Cette salle était trop grande pour que nous puissions communiquer sans faire de bruit. Mon seul échappatoire à la mauvaise note était la touffe de cheveux noirs qui semblait gratter du papier sans lever son nez depuis tout à l’heure. Je n’avais pas vu sa tête mais il devait bien être capable de faire sortir ce qu’il avait dedans pour me le passer non ? Profitant donc de la superbe (ou pas) vue sur le dos de notre surveillante, je m’étendais sur la table en soupirant, seul bruit que je pouvais faire. Fixant d’un regard implorant le garçon en face de moi, priant pour qu’il lève la tête, me regarde et m’aide.

Cela faisait quelques mois que j'étais maintenant arrivé dans cette ville. Ma situation avait évolué depuis mon jugement et l’hôpital psychiatrique. Le déménagement dans cette nouvelle ville apporta son lot de problèmes, évidement. Déjà, mon passé que j’essayais de cacher du mieux que je pouvais, certaines ''crises'' que j'arrivais maintenant à reconnaître et à contrôler. Du moins, si je prenais mon traitement à temps. C'était un traitement lourd et je ne savais pas ce qui pouvait se passer si je ne le prenais pas. Parfois, je n'avais pas de souvenirs, parfois des flashs, des brides ou même des impressions de ''déjà vu''. Et le pire dans tout cela, ça avait évolué, je n'avais rien dit à mon psy parce que je ne voulais pas risqué de retourné à cette hôpital.

Mais aujourd'hui, là n'était pas la question. Aujourd'hui, à cause d'incidents dont je tairais les événements, je me retrouvais à passer une épreuve que j'avais manqué. Je n'étais pas dans une classe typique, pas de rang ou de colonne, où nous étions isolé les uns des autres. Entouré de gens que je ne connaissais pas, sans doute des élèves d'autres classes qui eut aussi avait raté des contrôles. Je n'y faisais guère attention pour me concentrer uniquement sur mon contrôle. Car il faut le dire, je n'avais pas du tout révisé. J’essayais de chercher au fond de ma mémoire sur quel cour ce contrôle porter , je gribouillais sur un brouillons certaines réponses que je connaissais ou que je deviné. Le tout était d'avoir l'idée principal, le reste, il suffisait de meubler pour faire genre on a écouté le prof et on a appris son cours. À vrai dire, peu importe les résultats que j'avais, déjà a mon age un casier judiciaire indélébile. Meurtre avec torture, séquestration, enlèvement et le pire de tous tentative de viol. Peu importe ce que je faisais mon avenir était bousillé, pendant une seconde cette pensée traversa mon esprit suffisamment longtemps pour que je m'arrête et que je sois sur le point de tout envoyer valser.

Mais au moment où j'allais le faire, je vis le regard que ma voisine d'en face envoyait à la pionne depuis quelques temps. Visiblement, les deux ne pouvait se voir en peinture, vu comment elles se renvoyaient la balle. Cela m'amusa, je l'avoue, et cette pensée de tout valser s'en alla bien vite. J'étais plus détendu et les réponses clair s'affichait dans ma tête. Parfois cela se passait comme cela, bien que je n'ouvris que très peu de bouquin, je savais des choses que je ne me souvenais pas avoir appris. C'est alors que ma main trembla un peu, un mauvais signe en général.

*doucement Dim, doucement...* de disais-je intérieurement

petit à petit je retrouvais mon calme et mon regard s'attarda sur celui de ma voisine de classe. Un regard étrange étant donné qu'elle s'était étalée de tout son long. Son regard semblait abattu, visiblement elle voulait quelque chose. De l'aide ? Un malaise ? Peu importe ce que c'était, je décidais de voir qu'elle serait son prochain mouvement.

Il avait fini par me regarder. J’avais, l’instant où il avait levé la tête, eu l’impression que le temps ralentissait. Pourquoi fallait-il qu’il décide de devenir lent alors que j’avais besoin de lui rapidement ? Certes ce garçon était vraiment pas mal avec ses yeux verts et son visage fin. J’avais eu plus ou moins envie de retourner à ma copie pour ne pas qu’il me regarde pendant un instant, mais ma note valait plus que mes petits états-d’âmes du moment. Je restais donc un court moment à le fixer sans rien dire, être sure que l’on nous regarde pas.

Regarder un instant à droite et à gauche le plus furtivement possible pour vérifier que l’oiseau de mauvaise augure qui nous surveillait n’était pas dans les parages. Elle l’était certes, mais surveillait de ses petits yeux perçants et mesquins deux demoiselles qui avaient surement voulu faire pareil que moi. Manque de chance elles étaient surveillées pour le moment. Et moi ça me laissait un petit moment de répit. Fixant à nouveau mon camarade, je réfléchis à la façon de lui montrer ce dont j’avais besoin avant besoin pour le moment : les réponses de la quatrième question. Articulation muette du « t’a mis quoi à la question quatre ? » accompagnée d’un geste rapide de la main montrant ma feuille blanche à l’endroit où devait se trouver la réponse. J’accompagnais le tout d’un petit air contrit et d’un rapide geste de prière pour lui montrer à quel point j’avais besoin de lui. Pourtant je n’étais pas sure qu’il accepte, il semblait un peu trop sûr de sa personne. Mais après ce n’était que des suppositions.

Suppositions qui ne resteraient pas très longtemps. En effet, la pie décharnée en avait fini avec ses deux dernières victimes dont, vu les regards plus ou moins meurtriers qu’elle leur lançait, elle n’avait rien du trouver de concluant. Du coup elle revenait au bureau du professeur. Etant au milieu de la classe, elle ne pouvait que passer devant nous. La feuille découverte pour montrer les non-réponses que j’avais fait disparut sous mon corps affalé alors que je la suivais du regard, qu’elle vienne me prendre la feuille si elle l’osait. Nos regards se croisèrent pendant l’instant ou j’oubliais la présence de mon camarade derrière qui cette décharnée passait, grogne grogne grogne. Elle été pourtant retournée à sa place sans même s’arrêter un instant, jetant juste un regard furtif sur la copie du garçon en face de moi. Maintenant elle était au bureau et elle regardait ailleurs. Pensant surement à des choses trop obscures ou trop claires pour moi et ma petite tête d’écervelée qui n’avait pas appris sa leçon.

Mais puisqu’elle ne me regardait pas, autant en profiter. Je me redressais en position « travail pour un devoir », le stylo en main, prête à réfléchir. Mais avant tout, jeter un coup d’œil au charmant jeune homme en face de moi qui devait savoir pas mal de choses vu les pattes de mouche qui se baladaient sur toute la surface de sa feuille. Maintenant j’attendais que celui-ci accepte de me donner quelques réponses.