Journal d'un survivant: Page 1

Le soleil déjà haut arrose les espaces verts du parc de Tokonosu à travers les branches et les feuillages des arbres. A cette heure ci, il y a encore peu de personnes qui fréquentent les allées de ces lieux, les rares personnes y circulant pour l'instant sont des personnes qui se rendent sur leur lieu de travail, des lycéens qui se rendent en cours, des parents qui accompagnent leurs enfants à l'école...

Assis au pied d'un cerisier, un jeune homme tient un carnet dans sa main gauche et un crayon dans l'autre...Il est là depuis que le parc a ouvert. Il se nomme Etienne Orak, un lycéen qui est depuis bien longtemps beaucoup plus habitué à passer ses journées à écrire et dessiner sur les étendues d'herbes et les bancs du parc municipal plutôt que d'être sagement assis dans une salle de classe à étudier comme le font la majorité des lycéens. Lui, ça fait longtemps qu'il a jeté l'éponge...Il n'a jamais réussi à s'intégrer, les dernières années de sa vie se sont résumées à de nombreux voyages à travers le monde en suivant son père, peintre renommé...Il n'a jamais su suivre ce rythme effréné, et depuis s'est complètement renfermé sur lui-même...Il évite tout le monde...

En ce matin de printemps, assis sur l'herbe légèrement humidifiée par la rosée matinale, le jeune Orak, carnet en main, dessine le paysage autour de lui...

Cette journée ne s'annoncait pas si grave finalement. Quelques professeurs eurent droit à une méchante grippe et je réussis à fuir discrètement quelques filles qui voulaient faire connaissance. Je sortais du lycée et m'achetais quelque chose à grignoter, mon ventre gueulait tellement fort, voulant de la nourriture à tout prix que je ne pus faire autrement. Le soleil brillait, aucun nuage à l'horizon et aucune fille à éviter, vraiment, cette journée commencait bien. J'allais doucement rentrer au lycée pour me reposer en permanence qu'une voix, hélas, féminine m'interpella. Je fis tout d'abord mine de ne rien entendre, mais elle agrippa soudainement le bras gauche que je sentis mon coeur lâcher d'un coup. Je me retournais doucement, trèèèèèès doucement et la regarda, en essayant de cacher ma panique. Elle devait avoir mon âge, et son visage me rappela quelque chose. Elle devait donc être de ma classe, malheureusement. après avoir prononcé mon nom pour que je me concentre sur elle, elle me fit un sourire.

- Akimoto Kazuma ? Je suis Misuko Karashi, de ta classe...
- B...Bonjour Masuko... Qui y a t-il ?
- Bah... rien, vu qu'on est dans la même classe, je voulais juste qu'on fasse connaissance...

Super... Et moi qui avait déjà du mal à me retenir de fuir, voila qu'une jeune fille de sa classe voulait faire connaissance... je devais trouver un moyen de partir, m'en aller avant que je ne pète les plombs...et vite.

- Ah...Daccord. Je... ne m'y... attendais pas c'est tout...
- Bah... Tu veux qu'on aille boire quelque chose, pour discuter un peu ?

Et c'est à ce moment divin que mon portable, ou plutôt le reveil de celui-ci, sonna en retard, comme d'habitude. Mais je le pris comme si on m'appelait, et fit semblant de discuter avec une personne. Après avoir raccroché, je fis mine d'être triste...

- Je suis désolé, mais j'ai une urgence que je dois régler au plus vite. Une prochaine fois ?
-Bon... d'accord, a une prochaine fois alors, Aki !

Et elle partit, en me faisant un joli sourire qui me glaça les veines...Problème réglé. Il ne me restait plus qu'a aller dans un endroit ou elle n'irait pas. Le parc me semblait une bonne initiative, aussi me dirigeais-je vers l'entrée la plus proche. Apart quelques inconnus que je croisais sur les chemins, un détail me picora l'esprit. Un jeune lycéen, la, au pied d'un cerisier, un carnet et un stylo à la main, qui se désinteressait de tout ici. Je le regardais longuement, tenta de voir qui il était, mais rien ne me vint à l'esprit... Je contournais le cerisier et tenta de regarder ce qu'il dessinait...

- Hey ! Le dessin est plutôt réussi !

Assis calmement contre son arbre, faisant abstraction du monde qui l'entoure pour se plonger dans celui de sa créativité maladive et impulsive. Son coup de crayon vif capture les moindres détails de l'environnement, tel l'objectif d'un appareil photo que l'on aurait posé. Il ne cesse d'affiner son travail, s'assurant de ne rien oublier dans sa capture, son regard ne s'attarde pas tellement sur les passants autour de lui, trop occupé à nourrir sa faim de création...
Alors qu'il semble terminer son travail, il aperçoit au loin deux lycéens, il les reconnaît de suite, surtout le jeune homme...L'un de ses compagnons d'infortune avec qui il partage la même classe, classe composée de seulement trois garçons...Cela aurait pu être pire...Akimoto Kazuma il s'appelle il lui semble...Encore "harcelé" par une de ces jeunes femmes...Pourtant il devrait en être content, elles iraient presque jusqu'à se jeter à ses pieds pour lui...Orak lui trouve ça un tantinet pathétique, et au fond, il en a manifestement plus que rien a cirer...Cela fait des semaines qu'il ne vient plus aux cours, après avoir encore une fois enfoncé un de ses professeurs avec des paroles on ne peut plus cinglantes...Il n'y avait que la professeur d'arts plastiques qui semblait être un peu en phase avec lui, mais sans plus...
Le caractère du jeune homme a toujours été difficile à cerner, le fait est que la mort de sa mère il y a plus de sept ans, les voyages incessants à travers le monde...Cela a finit par le renfermer...

- Hey ! Le dessin est plutôt réussi !

Surpris par la voix de Kazuma, Etienne sursaute légèrement et se retourne pour voir celui qui lui a fait peur alors qu'il était parfaitement à l'aise...Le dessin est réussit dit-il? C'est pas l'avis de l'artiste.

-Réussi? Pas exactement...

En effet, l'un des bancs dessinés présentait un blanc flagrant, représentant plus ou moins une silhouette humaine...Cette silhouette était en effet celle d'une autre élève de leur classe...Assise sur le banc, guitare à la main, ses longs cheveux couleur ébène masquant légèrement son visage et ses yeux émeraude.

-Apparament Misao-chan a préféré elle aussi profiter du calme du parc pour laisser aller sa créativité...

Mais pourquoi laisser un blanc là où une personne se trouve? Orak n'a jamais vraiment aimé dessiner les gens...C'est instinctif, lui-même ne saurait pas le dire...Peut-être parce que la personne en question est Misao Hôjo, l'autre "artiste" de la classe...Et aussi peut-être est-ce dû à la quinzaine de tentatives infructueuses des jeune filles de la classe d'essayer de mettre ensemble les deux artistes? Une raison de plus qui a poussé Orak à sécher les cours au lycée en tout cas.

-Eh bien il reste plus qu'à attendre qu'elle s'en aille...

-Réussi ? Pas exactement...

Je le trouvais quand même bien réussi, ce dessin, quoiqu’en dise l’artiste. Bon, le blanc au niveau du banc plus loin l’intriguait un peu… Attendez, c’était bien le paysage du parc qu’il dessinait, non ? Mes yeux allèrent dans la direction approximative et je vis l’autre ‘Artiste’ de la classe. Malheureusement, le deuxième artiste était de sexe féminin, ce qui me fit frissonner. Les filles se trouvaient vraiment partout dans ce monde, ma parole ! J’étais quand même soulagé un peu de savoir Etienne à mes côtés, c’était bien moins difficile d’y survivre avec un homme dans le coin.

-Apparemment Misao-chan a préféré elle aussi profiter du calme du parc pour laisser aller sa créativité...

Il ne retenait quasiment jamais les prénoms des filles, alors ceux de sa classe. Oui, j’entendais parfaitement de quoi la plupart des filles parlaient en groupe, capacité pour laquelle je maudissais sauvagement mon oreille dès que le sujet Akimoto était de mise. La plupart de leurs tentatives s’étaient soldés par un violent échec, mais elles n’abandonnaient jamais. Au contraire, j’étais une sorte de gars inaccessible, et du coup, elles redoublaient d’efforts. Sauf l’autre qui l’avait abordé il y a quelques minutes. C’était bien la première fois qu’elle lui parlait… Sûrement qu’elle avait été trop timide pour venir, mais que les autres l’avaient convaincus d’essayer. Elle aurait pu rester timide selon lui…

- Effectivement, je suis le seul qui n’a pas une énorme créativité…chose pour laquelle je t’envie, à vrai dire. Mais tout le monde est bien fort à quelque chose.
-Eh bien il reste plus qu'à attendre qu'elle s'en aille...

Si Seulement Etienne savait à quel point je partageais son avis…J’aurais bien souhaité un peu de temps sans filles dans les parages, moi aussi… Quelques minutes venaient de passer et ma petite personne se demandait quoi faire, vu qu’Etienne attendait que la fille parte pour qu’il finisse son dessin. Je regardais les différentes entrées et vit plusieurs personnes qui approchaient vers l’entrée d’où j’étais venu. La cervelle qui était mienne criait de tout son fort qu’elle priait que ce soit des hommes et pas un groupe de filles venant dans le parc pour débuter leurs recherches du grand amour, chose que je considérais comme une idiotie sans nom, à vrai dire. Je continuais de regarder les individus avancer et vit une jupe. Maudit soit ce signe annonciateur. Le visage aussi avait l’air des plus étranges… effectivement, il lui manquait un œil… Peut-être la joue gauche aussi…Euh…attendez…QUOI ? Mes yeux firent une poussée digne d’un champignon précoce et ma bouche venait d’atteindre le sol. C’était quoi cette horreur ? Pourquoi elle bougeai Pourquoi dans ce parc ?

- Etienne… Regarde. Y a… un truc qui arrive. Un clown qui vient de faire un accident…ou autre chose d’après toi ?

Quoique soit cette chose, elle était féminine. Donc, à bannir. Pourquoi devait-il y avoir tellement de femmes dans ce monde…

Le lycéen adossé à son arbre continue d’observer sans vraiment prêter attention à son environnement. Il ne prend même pas la peine d'écouter ce que peut lui dire Akimoto qui pourtant le complimente sur ses talents d'artiste...

- Effectivement, je suis le seul qui n’a pas une énorme créativité…chose pour laquelle je t’envie, à vrai dire. Mais tout le monde est bien fort à quelque chose.

Orak reprend le crayon et tourne quelques pages en arrière dans son carnet pour reprendre un de ses anciens croquis. Quelque chose sorti de son imagination. Un paysage dévasté, une rue vide, des débris jonchant le sol...Cela représente un peu son état d'esprit...Il fait glisser la mine de son crayon sur la surface lisse du papier et peaufine les détails de son dessin, ignorant tout ce qui l'entoure. Puis soudain, Akimoto dit:

- Etienne… Regarde. Y a… un truc qui arrive. Un clown qui vient de faire un accident…ou autre chose d’après toi ?

Excédé par la présence de ce gêneur, Etienne se relève carnet à la main face à lui et dit:

-Quoi encore? T'as pas fini de me casser les pieds non?

Puis il fût interpellé par le regard de Kazuma, il fit demi-tour et aperçut des gens dans le parc avec une démarche bizarre, saccadée, les vêtements maculés de...sang? Certains ont le visage déformé...Comme s'il venaient de de prendre un coup violent sur la tête...

-Mais...Mais c'est quoi ce bordel? C'est un rassemblement de cosplayeurs ou quoi?

Au loin le gardien du parc s'approche d'un groupe de ces étranges personnes.

-Dîtes vous là, dégagez du parc, l'endroit n'est pas fait pour jouer la comédie.

L'une de ces personnes se jeta alors sur le gardien et le mordit au niveau de la gorge. Ce dernier poussa alors un cri de douleur atroce, son sang giclant sur le sol du parc, puis les autres personnes au comporement étrange se mirent eux aussi à se jeter sur le gardien gisant au sol...

-Je...J'aime pas beaucoup ça...Faut qu'on se tire...

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